Publié le

Vendredi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 10,34 – 11,4+18

le discours de pierre chez corneille

Père Pierre Debergé

Avec Pierre et Paul en suivant les Actes des Apôtres, p. 49s

 

          Répondant à la requête de Pierre qui veut savoir pour quelle raison il l’a fait venir, Corneille évoque alors sa propre vision et comment, sa prière ayant été exaucée, il est prêt, avec ceux qui l’entourent, à écouter tout ce que le Seigneur a chargé Pierre de leur dire. Suit un long discours où Pierre reprend les éléments du kérygme. Mais, s’adressant pour la première fois à d’autres qu’à des Juifs, il reconnaît d’abord la vérité qui vient de s’imposer à lui : Je me rends compte en vérité que Dieu n’est pas partial, et, qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui.

          Reconnaître cela, c’est affirmer non seulement que les païens ne doivent plus être considérés comme impurs, mais qu’il existe, en dehors du peuple de Dieu, des hommes et des femmes dont Dieu agrée la conduite et la piété. Comme le montre la déclaration de Pierre qui suit, si ce constat n’annule pas la priorité historique accordée par Dieu au peuple élu, l’offre du salut en Jésus-Christ concerne désormais tous les hommes. Cette universalité du salut a pour fondement historique l’événement Jésus-Christ. Son rappel occupe la suite du discours de Pierre.

          Plus que les discours précédents, Pierre y résume les grandes lignes du ministère de Jésus et sa destinée inséparablement tragique et glorieuse. Evoquant le ministère galiléen de Jésus, deux points sont plus particulièrement soulignés : Dieu lui avait conféré l’onction d’Esprit-Saint et de puissance ; il guérissait tous ceux que le diable tenait asservis, car Dieu était avec lui. On retrouve ensuite, à propos de la croix, la même expression qu’en 5,30, et, au sujet de la résurrection, celle que Luc avait utilisée dans l’évangile : Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Mais, davantage que dans les autres discours, Pierre insiste sur l’importance du témoignage confié aux apôtres.

          Renouant avec l’affirmation du début, la finale du discours reflète une nouvelle fois l’ouverture dont Pierre vient de prendre conscience : le pardon des péchés est accordé à quiconque croit en Jésus-Christ. Voilà qui fait tomber toutes les discriminations et met fin à tous les préalables ethnique, rituel ou social : seule la foi suffit.

Publié le

Jeudi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 10, 1-33

Pierre a joppe

Père Marc Rastouin

Simon-Pierre dans le Nouveau Testament, p. 147s

 

          Que dire du récit par Pierre de sa vision ? Pierre prie. Nous connaissons l’importance de la prière chez Luc. Luc insiste qu’une extase lui vient, pas que Pierre a eu une vision : il veut insister sur l’initiative divine. En effet, Luc ne peut faire appel aux Ecritures pour justifier l’abandon des lois alimentaires. Il ne peut que faire appel à une intervention directe de Dieu dans la communauté. Comme Jésus à son baptême et Etienne lors de son martyr, Pierre voit le ciel ouvert. C’est dire l’importance de l’événement. On note le comme qui signale en quelque sorte l’impuissance du langage : comme une grande toile. La protestation de Pierre rappelle celle d’Ezéchiel où le prophète refuse également de consommer un aliment impur : Ma vie n’a jamais été souillée dans l’impureté, jamais je n’ai mangé d’aliment impur.

            Au cœur du texte se trouve une sentence qui vient de Dieu. On voit aussi que, derrière la question des animaux impurs ou pas, se trouve la question des hommes, des êtres humains : il s’agit en définitive de l’acceptation de tous les hommes dans l’alliance. Les interdits alimentaires jouent un rôle important dans la compréhension qu’Israël a de sa mission et de sa vie. D’ailleurs on ne peut qu’être frappé qu’à Jérusalem, les critiques ne disent pas : Quoi ? Comment ? Tu as baptisé des païens !, mais bien : Tu es entré chez des hommes incirconcis et tu as mangé avec eux ! On notera du coup l’importance d’un petit verset qui pourrait passer inaperçu. Avant même la rencontre de Pierre et de Corneille, il est dit : Pierre les fit alors entrer et leur donna l’hospitalité. Le lendemain, il se mit en route et partit avec eux ; quelques-uns des frères l’accompagnèrent. Pierre a déjà accepté de loger des non-juifs chez lui, ou plutôt chez son homonyme Simon le tanneur, lequel est certainement juif. D’une certaine manière, il a déjà fait tomber la barrière que l’Esprit va spectaculairement faire tomber peu après.

            Pierre cependant continue à réfléchir ; rien de moins que l’Esprit pour lui mettre les points sur les i, en lui disant : Voilà des hommes qui te cherchent. Va donc, descends et pars avec eux sans hésiter : c’est moi qui les ai envoyés. Que constate-t-on à plusieurs reprises dans les Actes ? L’Esprit Saint parle à Philippe, à Pierre, à l’Eglise, à Paul, à Agabus le prophète chrétien. Toujours, c’est l’Esprit qui appelle à aller de l’avant, à l’audace, à l’évangélisation. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit, ici, plus de la conversion de Pierre que de celle de Corneille ! Ce sont les convictions de Pierre qui font problème, pas celles de Corneille.

Publié le

Mercredi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 9, 23-43

le roc de la foi

Père Divo Barsotti

Les Actes des Apôtres, p. 233s

 

          La foi en Christ est une vérité si infiniment grande que l’intelligence de l’homme demeure éblouie de sa lumière, et que la volonté est comme déchirée, mise en pièces, malgré la dureté de son orgueil. Si la prédication chrétienne s’en tenait seulement à affirmer vigoureusement que le Christ est le Fils de Dieu, cela suffirait.

          La parole de Paul, comme celle de Pierre, ne dit pas autre chose, mais cette parole est le fondement de l’Eglise. C’est seulement si Dieu s’est réellement fait homme et est entré dans notre vie, que l’homme peut encore espérer. C’est seulement par l’intervention positive d’un Dieu qui nous rejoint et nous saisit, et, par qui, nous nous sentons saisis, que l’homme peut être sauvé. Aujourd’hui encore, Dieu ne se rend présent à l’homme que dans cette même foi : un homme a habité autrefois sur la terre, a marché sur les routes de ce monde, a vécu notre vie, est mort de notre mort, et cet homme était Dieu. La vie est une aventure qui n’a pas de sens si Jésus n’est pas le Fils de Dieu.

          Saul n’a pas rougi de le proclamer, et c’est là sa grandeur. Pensons à ce que cela représentait pour lui : dans l’acte même où il affirmait que Jésus est le Fils de Dieu, il se chargeait du poids de la responsabilité de l’avoir condamné et tué.

          Le Fils de Dieu ! Il fallait toute la puissance de l’Esprit pour proclamer semblable vérité. Certainement la foi de Paul est plus grande que n’importe quel miracle. Si l’homme peut croire qu’un Dieu s’est vraiment fait homme, alors toute la vie de l’homme est déjà transformée.

          Aucune menace n’ébranle Saul de Tarse. Sa vie sera un miracle continuel : persécuté, flagellé, jeté à la mer… Parmi les menaces et les dangers de tout genre, Saul se meut tranquillement avec une liberté et une force merveilleuses. Rien ne l’arrête. C’est proprement parce qu’il s’appuie sur le roc de la foi que sa vie a trouvé son fondement sûr.

Publié le

Mardi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 9, 1-22

la conversion

Saint Augustin

Lettre 185 à Boniface, OC 5, p. 561

 

          Mon âme a soif du Dieu vivant, quand irai-je et apparaîtrai-je devant la face du Seigneur ? Le seul bien que désire l’homme qui prie avec ces versets de psaume est d’être uni à Dieu ; la privation de ce bonheur suprême, le seul retard d’en jouir est le plus grand supplice qu’il redoute. Et pourtant beaucoup avant de devenir de bons fils et de dire : Nous désirons être délivrés des liens du corps et nous unir avec Jésus-Christ (Philippiens 1,23), beaucoup de mauvais serviteurs, tel Saul, le futur Paul, ont besoin d’être appelé par le Seigneur.

          Qui peut nous aimer plus que Jésus-Christ qui a donné sa vie pour ses brebis ? Cependant quoiqu’il eût par sa parole seule appelé à lui Pierre et les autres disciples, quand il voulut gagner Paul, auparavant Saul, pour faire un grand propagateur de son Eglise de celui qui en était auparavant un des plus terribles persécuteurs, il n’eut pas seulement recours à la voix, mais il le renversa avec violence ; et pour forcer cet ennemi farouche, plongé dans la cruauté et les ténèbres de l’infidélité, à désirer la lumière du cœur, il le frappa de cécité. Si ce n’eut pas été un châtiment réel, Saul n’aurait pas été guéri plus tard, et si ses yeux, qui tout ouverts ne voyaient plus rien, avaient été sains, il n’aurait pas fallu, comme le dit l’Ecriture, qu’Ananias, par l’imposition de ses mains, fit tomber des yeux de cet aveugle les écailles qui les couvraient. Dieu propose parfois de façon forte, comme pour Saul, mais la réponse est donnée librement, volontairement. Saul a accepté de rencontrer Ananie, sa cécité a disparue. Du coup, Saul a reçu un enseignement qui l’a consolé pleinement. N’est-ce pas une chose merveilleuse que celui qui a été ainsi retourné, converti à l’Evangile, plus fortement que ceux qui avaient été appelés par la seule parole du Sauveur, tels les apôtres qui suivirent Jésus durant sa vie terrestre ? Sa charité a été d’autant plus parfaite, d’autant plus capable de chasser toute crainte, que la crainte qui l’a poussé à la charité, à l’amour du prochain, a été d’autant plus grande et plus forte.

Publié le

Lundi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 8, 26-40

la revelation

Bienheureux Père Séraphim Rose

La révélation de Dieu au cœur de l’homme, Internet

 

          Dans cette rencontre entre Philippe et l’eunuque éthiopien, on trouve plusieurs éléments mystiques : l’ange dit à Philippe où aller, de même pour le baptême ; après le baptême, l’Esprit du Seigneur emporte Philippe. Mais ce n’est pas ça qui a donné à l’eunuque le désir de recevoir le baptême. Quelque chose d’autre l’a influencé, non un miracle, mais quelque chose dans son cœur. Même si parfois ils peuvent aider à venir à la foi, les miracles ne sont pas la vraie raison qui pousse à devenir chrétien.

          Quand Philippe parle à l’eunuque, quelque chose change dans le cœur de l’eunuque. Il est dit dans les Actes que l’eunuque vient à croire, c’est-à-dire que son cœur a été modelé par la vérité qu’il a entendue. Les paroles de l’Ecriture sont très puissantes, et, quand la bonne interprétation leur est donnée, quelque chose dans le cœur humain s’ouvre et il est prêt. Ainsi l’eunuque accepta le Christ avec toute son âme : il était un homme nouveau. Ce n’est pas pour les miracles, mais pour ce que le Christ est venu apporter dans le monde.

          Nous voyons comment ce qui est appelé Révélation nous est donné : le cœur se meut et change en présence de Dieu par quelque chose qui est remplie de l’Esprit-Saint, par l’écoute de la vérité que Jésus prêchait. C’est en acceptant toutes les situations qui peuvent nous être données de vivre, avec un cœur aimant, que l’on rencontre Dieu. Ce cœur aimant est la raison pour laquelle n’importe qui parvient à la connaissance de la vérité, même si Dieu doit parfois briser et humilier un cœur pour le rendre prêt à Le recevoir, comme dans le cas de Paul qui avant de rencontrer le Seigneur crachait du feu et persécutait les chrétiens. Pour Dieu, le passé, le présent et le futur du cœur de celui de l’homme sont tous présent en même temps, et il voit où il peut percer et communiquer.

          La bonne approche de Dieu se trouve dans le cœur humilié, souffrant, persuadé qu’il existe, quoiqu’il arrive une vérité supérieure qui, non seulement peut aider cette souffrance, mais aussi l’amener dans une dimension spirituelle ; ce passage de la souffrance à la vérité transcendante reflète la vie du Christ, lui qui a connu la croix, qui a enduré la mort la plus ignominieuse qui soit, mais qui, après sa résurrection  d’entre les morts, est monté au ciel et nous a envoyé d’en-haut l’Esprit, inaugurant ainsi toute l’histoire de son Eglise.

Publié le

3° lecture Dimanche de la 3ème semaine du Temps Pascal

Luc 24, 35-48

Ressuscité, il s’est fait reconnaître

Hans Urs von Balthasar

La Gloire et la Croix, Théologie, 3, Tous à Mambré, A, 1, p. 124s

 

          Toute l’expérience humaine des Apôtres s’arrête avec la mort du Seigneur. Si elle recommence à la résurrection du Christ, c’est pour éprouver, avec une sensibilité nouvelle, la rencontre avec le Seigneur pendant les quarante jours de sa Présence.

          Le témoignage oculaire des Apôtres ne tire pas sa force uniquement de la Résurrection contemplée, mais du fait que l’Homme qui leur est apparu vivant après la Résurrection, était le même que celui qu’ils avaient connu auparavant, par une longue fréquentation, le même qu’ils avaient vu souffrir et mourir. Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous en rendons grâce, nous vous l’annonçons.

          Le voir, L’entendre, Le toucher, constater qu’Il mange, découvrir ses stigmates, tout cela ne reçoit toute sa portée que par cette présupposition. La manière dont les Apôtres, en tant qu’Israélites croyants, avaient un commerce terrestre avec le Seigneur, était foncièrement dans la ligne de l’Ancienne Alliance. C’est pourquoi ils avaient des yeux pour voir, qui ne voyaient pas encore.

          Aujourd’hui, par le miracle de la grâce apostolique, ils voient. Le sceau est enfin brisé par la Présence du Ressuscité. Lui seul fait entrer dans le mystère de sa Passion, de sa mort, et de sa Résurrection. Jusqu’à sa mort, Jésus avait laissé l’Esprit Saint reposer sur Lui seul. Lui seul était Dieu-avec-nous,  même si, par une grâce d’illumination subite, Lui seul était Dieu-avec-nous, même si, par une grâce d’illumination subite, Pierre et les autres avaient saisi quelque chose de la réalité profonde.

          Ce n’est qu’au moment où, ressuscité, Jésus a insufflé en eux l’Esprit-Saint, quand Il leur explique Lui-même l’Ecriture et son propre destin, en s’appuyant sur l’Esprit-Saint, qu’ils comprennent enfin ce qu’ils ont vu, entendu et touché. Alors, par ce même Esprit, ils peuvent aussi en témoigner.

Publié le

2° lecture Dimanche de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 8, 4-25

« Lisez, partagez la Parole de Dieu »

Saint Césaire d’Arles

Sixième sermon sur la Parole de Dieu, PL 67, 267-268

 

          N’accueillez pas la Parole de Dieu comme une parole d’un jour ; il faut, au contraire, qu’elle prenne racine dans votre cœur pour y produire des fruits que vous montrerez avec joie quand viendra le temps de la récompense.

          Quelqu’un a-t-il assez de mémoire pour tout retenir de ce qu’il a entendu ? Qu’il rende grâces à Dieu, qu’il n’hésite pas à partager ce qu’il aura retenu.

          Quelqu’un n’a-t-il pu ne retenir qu’une partie de ce qu’il lui a été dit ; qu’il en fasse part lui aussi !

          Si vous partagez entre vous ce que vous aurez entendu, vous le rappelant ensemble, il vous sera non seulement possible de le garder, mais de le vivre, avec la grâce du Christ, et de vivre avec d’autres..

          Qu’un tel d’entre vous puisse dire : J’ai entendu notre évêque dire ceci : il nous faut cultiver notre âme comme nous cultivons notre terre. Et qu’un autre ajoute : Notre évêque a dit aussi ceci : celui qui est cultivé, qu’il lise la Sainte Ecriture fidèlement. Celui qui ne le peut pas, qu’il se la fasse lire par d’autres pour pouvoir accomplir la Parole de Dieu.

          Qu’un autre enfin rappelle cet enseignement : comme d’habiles commerçants, que les chrétiens sachent toujours trouver quelqu’un pour leur lire ou leur rappeler la Parole de Dieu. Ainsi pourront-ils gagner la vie éternelle.

          Si vous savez ainsi partager la Parole de Dieu, vous avertissant mutuellement, vous deviendrez de vrais fidèles du Christ, et vous parviendrez à la vie éternelle.

          Que personne, aussitôt sorti de l’Eglise, n’oublie ce qu’il vient d’entendre. Autrement, il serait venu à l’Eglise pour rien, et il reviendrait, chez lui, les mains vides…

Publié le

Samedi de la 2ème semaine du Temps Pascal

Actes 7,44 – 8,3

« Pourquoi me persécutes-tu ? »

Saint Augustin

Sermon 316, OC 19, 3-4, p. 48s

 

          Frères, rappelez-vous les paroles du Sauveur sur la croix, et considérez celles d’Etienne lorsqu’il est lapidé. Que dit Jésus ? Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. Quel plus grand crime que d’avoir donné la mort au Christ ? Or ce péché a été pardonné. Où était Etienne lors de la condamnation et de la mort de Jésus ? Etait-il du nombre de ceux qui le condamnait ? S’il en a fait partie, il a ressenti l’effet de cette prière : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.

          Saul, le texte des Actes des Apôtres nous le dit, était au nombre de ceux qui ont lapidé Etienne ; il était encore un loup, un loup altéré de sang ; c’était peu pour lui de lapider Etienne, il gardait les vêtements de ceux qui lançaient les pierres ! Etienne s’est rappelé alors la prière de Jésus : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Imitant en cela son Seigneur, pour devenir son ami, il dit : Seigneur, ne leur impute pas ce péché. Mais comment fait-il cette prière ?

          C’est debout qu’il recommande son âme à Dieu, mais quand il s’agit de prier pour ses ennemis, il fléchit le genou. Pourquoi reste-t-il debout en recommandant son âme à Dieu ? Parce qu’il priait pour un juste. Pourquoi s’agenouille-t-il en priant pour ses ennemis ? Parce qu’il priait pour de grands criminels : Seigneur, ne leur impute pas ce péché.

          Pensez-vous que Saul entendit ces paroles ? Il les entendit, mais s’en moqua, et cependant il était compris dans la prière d’Etienne. Il courait encore dans la voie du meurtre, et déjà la prière qu’Etienne faisait pour lui était exaucée.

          Après la mort d’Etienne, une grande persécution s’éleva contre l’Eglise. Saul s’en allait comme un loup furieux qui va fondre sur le bercail. Il poursuivait sa route, écumant de rage, altéré de sang, ne respirant que le meurtre. Une voix se fit entendre du haut du ciel : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Loup furieux, pourquoi en veux-tu à l’agneau ? En mourant, j’ai mis à mort le lion : Pourquoi me persécutes-tu ? Dépouilles-toi du caractère de loup : de loup devient brebis, et de brebis devient pasteur.

Publié le

Vendredi de la 2ème semaine du Temps Pascal

Actes 7, 17-43

Le Discours d’etienne

Claire Patier

Les Actes des Apôtres, p. 32s

 

          Devant ses frères juifs, Etienne récapitule toute l’histoire du salut ; il retransmet la parole donnée par Moïse, lui qui reçut les paroles de vie pour nous les donner, et dévoile leur accomplissement en Jésus. Il s’agit de l’histoire d’un Dieu qui se révèle aux hommes à travers de grandes figures comme les patriarches, Moïse, Josué, David, Salomon qui construisit le Temple. Chaque épisode de cette histoire est fait de promesses de Dieu qui voient leur accomplissement malgré la dureté de cœur des hommes. Coûte que coûte, Dieu désire faire Sa demeure chez les hommes et leur apporter le Salut, selon qu’il est écrit au livre du Siracide : Sur son ordre, tout ce qu’il désire s’accomplit, il n’est personne qui arrête son geste de salut.

          Ainsi les hommes d’exception choisis par Dieu et rejetés par le peuple ont toujours réussi à accomplir leur mission : Les patriarches, jaloux de Joseph, le vendirent pour être emmené en Egypte… Mais Dieu était avec lui ; il le tira de toutes ses tribulations et lui donna grâce et sagesse.

          Le peuple, de plus, s’est adonné à l’idolâtrie aux jours du veau d’or : Ils fabriquèrent un veau en ces jours-là, offrirent un sacrifice à l’idole, et ils célébraient joyeusement l’œuvre de leurs mains.

          Le péché n’a pas manqué durant cette histoire qui est le reflet de celle de chaque homme ; la patience et la miséricorde du Seigneur n’ont jamais fait défaut non plus ! Malgré toutes ces infidélités, Dieu, Lui, est demeuré fidèle. L’endurcissement des cœurs, d’une certaine manière retardait Son œuvre : Aussi vous déporterai-je par delà Babylone, mais il ne pouvait l’arrêter.

          Etienne termine son testament en reprenant le ton des prophètes des temps anciens quand ils prêchaient la conversion à un peuple rebelle : Nuques raides, oreilles et cœurs incirconcis, toujours vous résistez à l’Esprit-Saint ! Tels furent vos pères, tels vous êtes ! Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils point persécuté ? Ils ont tué ceux qui prédisaient la venue du Juste, celui-là même que vous venez de trahir et d’assassiner.

          Etienne veut toucher les cœurs en faisant mémoire d’un péché sans cesse reproduit au cours des siècles : le refus de Dieu, le désir de voir disparaître ce qui pourrait rappeler son existence, et, de ce fait, il veut remuer les consciences pour mettre en évidence cette réalité : le seul homme totalement ajusté à la volonté de Dieu, l’Unique Juste, c’est Jésus.

Publié le

Jeudi de la 2ème semaine du Temps Pascal – Mémoire de saint Stanislas

Actes 7, 1-16

Témoignage d’Etienne

Père R. Poelman

Saint Etienne protomartyr, VS 109, 1963, p. 566s

 

          Etienne réussit, comme Jésus, à rallier contre lui ceux-là même qui étaient divisés entre eux. Vraiment, le procès de Jésus recommence avec les mêmes procédés, arrestation subite, faux témoignages, les mêmes accusations  concernant le Temple et la Loi, devant le même Sanhédrin. Oui, les mêmes personnes qui ont eu à se réunir pour juger le Christ doivent se réunir maintenant pour juger Etienne : l’évangile continue !

            Ceux qui siégeaient au Sanhédrin avaient les yeux sur Etienne, et son visage leur apparut semblable à celui d’un ange. Les sanhédrites assistent à la transfiguration du martyr. Son visage réverbère quelque chose de la gloire de Dieu. Ainsi Moïse, quand il descendait de la montagne où il avait passé quarante jours dans la présence de Dieu : Il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait à la suite de son entretien avec Dieu.

            N’est-ce pas à la transfiguration de Jésus qu’Etienne participe maintenant d’une certaine manière ? Jésus, pendant sa prière sur la haute montagne de Galilée, avait eu un visage resplendissant comme le soleil, ses vêtements étaient devenus éblouissants comme la lumière.

            Mais la souricière s’est refermée sur le diacre. L’heure est venue pour lui du procès dont il connaît déjà l’issue, avant même qu’il commence, mais qui lui est offert comme l’ultime témoignage par la parole. Regardons bien la scène. C’est un accusé, un prisonnier qui se trouve devant une cour qui a tout pouvoir pour le condamner. C’est de sa vie qu’il est question ; il le sait. Il sait aussi que l’irréductible opposition à Jésus, qui s’est traduite par la crucifixion, est maintenant tout entière concentrée sur lui. Pourtant quelle liberté de langage, quelle fierté, quelle étonnante conviction, que témoignage ! Son discours ? Il s’agit d’une présentation du mystère du Christ sur la toile de fond de l’Ancien Testament. Tout ce que nous appelons aujourd’hui l’histoire du salut se trouve ramassé en quelques versets par Etienne. La thèse est la suivante : divers envoyés de Dieu ont été mal accueillis, c’est pourtant par eux que le dessein de Dieu s’est accompli ; ainsi en est-il de Jésus, le Juste, que vous avez assassiné. Etienne interprète l’Ancien Testament en fonction de Jésus. Vos pères ont toujours résisté à l’Esprit-Saint, dit-il, vous aussi maintenant, vous qui avait trahi et assassiné le Juste.

            Le résultat ne se fait pas attendre : Etienne est lapidé. De son cœur monte un doux gémissement : Seigneur Jésus, reçois mon esprit.